provence .com
Christophe : "Ici, forcément j'aime"
Publié le vendredi 23 octobre 2009 à 08H13
Le chanteur classe et inclassable clôture la 17e Fiesta des Suds, demain soir à Marseille
Christophe, le "dernier des Bevilacqua", dans ses habitudes vauclusiennes: pétanque et collègues. Avant de renouer avec la scène, à Marseille, à la Fiesta.
Christophe à la Fiesta des Suds. Pourquoi? "Parce qu'on est collègues", répond Bernard Aubert, le directeur artistique du festival, après une épique partie de pétanque, dans le soleil doré d'une fin d'après-midi à Goult. "Parce que je l'ai battu aux boules!", rétorque Christophe sous sa moustache pince-sans-rire. Une complicité évidente donc, entre l'interprète classieux des Mots bleus et le festival des musiques du monde au sens (très, très) large, qui s'achève à Marseille demain soir. Pour Aubert, Christophe est "atypique et poétique, populaire et précieux". Et pour Christophe: "Jouer à la Fiesta, c'est toujours une expérience."
- Vous vous sentez bien à la Fiesta des Suds, pourquoi ?
J'aime mes racines blues, j'aime mes racines arabes. Alors, ici, forcément j'aime.
- Qu'est-ce qui vous attache encore à la scène ?
La scène, c'est arriver à faire le métissage de la personnalité sonore de chacun. C'est une alchimie miraculeuse… avec des points de rencontre et d'attache à chaque fois. Et puis, tout le reste est instinctif, émotionnel. Alors, on continue parce qu'on se surprend encore. Si je suis dans l'habitude, je m'en vais. Si je n'ai pas de plaisir, je me casse.
- Comment expliquez-vous le retour en grâce de Christophe ?
Je ne me l'explique pas, parce que je n'ai pas cette impression-là. J'ai toujours fait de la recherche dans mon coin. À ma manière. En bossant sur des pièces cachées que les gens n'écouteront peut-être jamais! J'ai des albums respectés aujourd'hui, comme
Le Beau bizarre. À l'époque (en 1978, ndlr), j'en avais vendu 25 000! C'était une curiosité. Mais moi, j'ai toujours travaillé de la même façon. Je ne prends pas ma guitare en me disant: "Tiens, je vais faire trois chansons…" Moi, j'ai un truc qui m'arrive. Ça me fait un film. Et après je dois trouver la bande-son.
- Il y a quand même un rapport différent à votre oeuvre depuis quelques années, non ?
Oui, un nouveau respect, c'est vrai. Je sens qu'il y a un changement. Je ne cherche pas à le situer ou à le comprendre. Je le ressens, c'est tout. Je n'attends pas de reconnaissance. Quand je l'ai, je suis content, mais je ne la cherche pas.
- Bashung disparu, on vous présente souvent comme le dernier des Mohicans de la chanson française…
Je ne vois pas les choses comme ça. Je ne calcule pas tout ça; mais c'est pas désagréable à entendre non plus… En plus, des chanteurs il y en a d'autres, je pense à un type comme Dominique A ou à Camille parce qu'elle fait ce qu'elle veut. Pour ce qui est d'Alain (Bashung, ndlr), on avait en commun une façon d'être. Alain avait cet effacement, cette imprudence qui est notre lien.
- Vous avez travaillé ensemble, d'ailleurs.
Oui, en 1972. On se voyait tous les jours. Lui, il bossait le matin, moi j'arrivais plus tard au studio. On avait une relation comme celle que je peux avoir avec les copains ici (à Goult, ndlr), avec qui on parle de tout, et de n'importe quoi. Mais on ne parlait jamais de musique. Lui, il pensait Johnny Cash; moi Eddy Cochran! Et puis, les gens qu'on apprécie, on les sent. Ceux avec qui on a besoin de parler sont ceux qu'on a envie de découvrir. Nos présences nous suffisaient.
- Un nouvel album pour bientôt ?
Pour le 13 octobre 2010, le jour de mes 65 ans! Mais un disque c'est toujours un nouveau film à chaque fois, une nouvelle couleur à trouver… La musique, ça va toujours. Mais les mots, je n'en suis pas toujours content. C'est mon côté écolier! Mais quand je fais une bonne chanson, je m'en rends tout de suite compte.
Pratique : demain soir, 19h, Dock des Suds, Marseille, avec Khaled, Staff Benda Bilili. Renseignements : 04 91 99 00 00
Propos recueillis par Coralie Bonnefoy