Christophe. «Je vis comme si j'avais 20 ans»
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10 novembre 2013 à 08h46
Indémodable Christophe ! Le chanteur, révélé par «Aline», en pleine vague yéyé, est aussi adulé par la jeune garde de la scène electro. Christophe séduit toutes les générations. L'interprète des «Mots bleus» joue ce dimanche soir, à Lorient, au festival des IndisciplinéEs.
On vous dit noctambule. Vous vivez toujours la nuit ?
Je ne suis pas encore à l'étape de nuit. Je me couche vers 5 h du matin. Ce que j'appelle la nuit, en plein hiver, c'est 9 h, parfois midi. C'est le boulot, l'inspiration qui me guide. Je ne fais pas tellement d'«after», ni spécialement la fête. Je sors en boîte une fois par semaine. Quand je bosse et que je me sens bien, j'y vais à 3 h du matin. Je vis comme si j'avais encore 20 ans. Mais je sors aussi en journée.
J'habite près du jardin du Luxembourg. Je vais faire ma partie de boules - c'est mon sport - pendant trois ou quatre heures avec des copains. C'est marrant car je croise des jeunes de 20-25 ans qui font partie de mon public.
Il n'y a pas que le jeune public. Comment expliquez-vous cette filiation et cette reconnaissance de la scène electro ? Des artistes, comme Rone (DJ parisien), programmé aux IndisciplinéEs, vous citent comme une référence.
J'essaie d'être toujours en conjugaison, en connexion avec les performances de la technologie. C'est mon état d'esprit du moment. Je suis toujours en train de chercher des arrangements, des choses originales. Ce n'est pas vraiment expérimental car je fais de la variété electro en gros, à base de machines.
Comment expliquez-vous, tout de même, cette progression musicale entre Aline (1965) et Bevilacqua (1995) ? Entre la période yéyé et cette esthétique electro ?
Que ce soit dans la peinture, la sculpture ou l'architecture, tout est en évolution. J'ai évolué dans mon art et c'est surtout le plaisir de l'inconnu qui me motive. Ce qui me plaît, c'est de réaliser une performance et d'arriver à me surprendre, à improviser même. Je sais qu'en moi, il y a l'homme du gimmick, l'homme de la palette sonore qui va habiller le gimmick.
Votre approche artistique a complètement changé par rapport aux années 60.
Oui, radicalement. Quand j'ai écrit Aline, vers 20 ans, je travaillais à la guitare, avec un orchestre classique mais toujours avec un arrangeur de qualité, comme Jacques Denjean. Des artistes arrivent à se contenir dans cette forme d'expression alors que moi, je suis arrangeur. Quand quelque chose jaillit, je l'attrape et je le mets en forme.
Cet état de création que vous décrivez signifie donc qu'un nouvel album est en cours ?
Oui. J'ai déjà les 15 chansons qui font la matière de l'album. Maintenant, je suis dans le casting des gens avec lesquels je vais travailler... J'essaie d'entrer en relation le groupe anglais The Irrepressibles et leur leader Jamie, un mec formidable. C'est comme dans les années 70 et 80, quand j'écoutais Lou Reed ou David Bowie, j'aurais eu du plaisir à travailler avec eux. Je peux citer également Thom Yorke (Radiohead). Je pense que cet album aura une bonne gueule. Si tout va bien, il devrait sortir en avril.
Vous avez développé un son particulier, une manière de chanter un peu en équilibre. C'est une technique travaillée ?
Je ne suis pas instrumentiste, à part le piano. Je m'y suis mis un peu... Mais je suis un des rares qui se sert des synthétiseurs en monophonique. Pas uniquement parce que je manque de technique mais pour avoir un résultat qui fait la différence.
Avec «Intime Tour», vous êtes seul en scène. Le concert a-t-il évolué ?
Il n'y a pas un concert qui se ressemble. Je ne suis pas formaté du tout. Même sur scène, je suis dans l'expérimental... J'ai envie d'y être comme dans la vie, rien n'est prévu... En principe, je fais le choix des chansons. Je mets cinquante petits papiers dans une pochette rouge et j'en tire 25 au hasard.
Vous êtes un fou de cinéma. Vous avez fait une apparition dans «Quand j'étais chanteur». Pourquoi ne pas avoir fait l'acteur ?
Je viens de tourner deux courts métrages. «Le Quepa sur la Vilni !», sélectionné au festival de Cannes, a eu le prix Jean Vigo. En juillet, j'ai tourné le rôle principal d'un court métrage «Daniel». Je joue un mec barré, un fou... Depuis j'ai refusé dix longs métrages. Cela m'amuse, c'est ma vie. Mais vivre, ce n'est pas prendre de risques, c'est être joueur, c'est tout !
Propos recueillis par Régis Nescop