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Jeudi 18 avril 2013 par Jean Rouzaud
Le beau bizarre
Un chanteur qui a tenu un demi-siècle mérite le respect.
Daniel Bevilacqua, alias Christophe, chanteur de charme depuis 1967, voix aiguë de chat écorché, look de jeune premier blond et dandy, a survécu aux tempêtes des modes et mieux : il a dérouté critiques et amateurs en changeant plusieurs fois de peau.
Aujourd’hui, il ressemble à Custer, ou Buffalo Bill, ou d’Artagnan, longs cheveux blonds ramenés en arrière, moustache en guidon de vélo, visage buriné et sapé en joueur de poker, bagues, bracelets et santiags au pied, à la fois fragile par sa petite taille, et carré par ses manières.
Comme Halliday ou Higelin, il est de la race des indestructibles, éternel survivant, accroché à ses convictions, à ses manières, à ses obsessions, à ses particularités. Christophe est un cas ; un cas à part.
A ses débuts, presque chanteur à minettes, yéyé, mais avec un plus, un supplément d’âme, un sens de la mélodie, un style néo-dramatique, loubard sentimental. Avec Nino Ferrer, Dutronc et Polnareff, il est dans le peloton de tête des inclassables.
A mesure des décennies et des influences, il s’envole, avec divers acolytes, tantôt rétro, tantôt glam et même novö, tenté par l’électro, boosté par les claviers, les ordinateurs, les nappes de synthés, il plane à travers les époques, les références, le loulou rital de Juvisy rêve et parvient à atteindre son propre paradis, fait de stars, de paillettes et de vraies envolées lyriques .
Les Rock critiques ont trouvé en lui des traces de ce maelstrom des références : Sparks, Bowie, Glitter, Pop satiné, cabaret, décadent sensible. Comme nous tous il a subi les chocs acoustiques, électriques, électroniques de toutes les trouvailles de la musique populaire.
Il énonce lui même ses coups de cœur : Brassens -inattendu , Brenda Lee -même voix électrique, John Lee Hooker -le blues, les Animals pour l’invasion british… jusqu’aux synthétiseurs et même le rockeur minimaliste Alan Vega , avec lequel il s’est produit en public.
On peut continuer d’énumérer avec lui toutes les comètes musicales et cinématographiques dans lesquelles il a puisé ses inspirations, ses images, ses travellings, ses plongées dans des univers indispensables au créateur éclectique qu’il est devenu… par couches successives.
Débarrassé de toutes les étiquettes, qui se sont décollées de lui comme les mues du serpent, le chanteur de charme Christophe a pu traverser le désert de la variété, en interprète, jusqu’à devenir un compositeur unique. Une trajectoire à la Bashung.
Chauffé au four des alchimistes, le magicien Christophe a opéré lui même sa propre transmutation, et nous revient fait d’un alliage inconnu et précieux, étrange et poétique.
_ Nouvel album : Paradis retrouvé . 13 titres inédits ( BMG . Motors)
_Tous les albums label motors réédités. ( offre spéciale)
_ MK2 cinema carte blanche à Christophe
(4 films : Shame de l’anglais mc Queen, Pierrot le fou de Godard, Badlands de Terrence Malick et Elephant man de Lynch)
_ Concert le 23 avril à 20 H 30 . Res. Sur mk2 .com